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Rédaction : Laurent DEFER, Directeur QEC TRIGO France.
L’Audit de Process Étagé, plus communément appelé Layered Process Audit ou LPA, vaut son appellation par deux principes fondamentaux : l’audit de respect des standards au poste de travail et leur réalisation par différents niveaux hiérarchiques de l’entreprise.
Le LPA est un système de surveillance qui s’applique lorsque des activités sont documentées et standardisées (poste de production, activité logistique de réception ou d’expédition, activités de maintenance, mur qualité…). Il a pour objectif de :
- S’assurer que les éléments de process à risque sont sous contrôle ;
- Vérifier que l’application des standards de production est respectée ;
- Identifier des axes d’améliorations.
On nomme parfois ces audits « VRS » ou « Audits Flash », à la différence près que les VRS ou Flash sont réalisés par la qualité tandis que les LPA doivent être réalisés par l’équipe de production à différents niveaux hiérarchiques, du leader d’équipe au directeur de site, et ceci à des fréquences adaptées. L’implication de tous les niveaux hiérarchiques a pour but de « faire descendre » dans l’atelier les acteurs qui ont une vision plus théorique des activités du terrain et qui, par cette activité d’audit, seront au contact des opérationnels et auront une meilleure appréciation des points forts et des points faibles de leur organisation de production. En effectuant plusieurs audits du même secteur « quasi-simultanément », et en confrontant leurs résultats, une démarche LPA permet aussi d’élever le niveau d’exigences des auditeurs quant à la satisfaction des critères d’audit.
Le LPA s’intègre dans la logique de surveillance du respect des standards mais, à contrario des audits produit/process (VDA 6.3, FIEV 2.0) qui ont un périmètre d’audit plus étendu sur une fréquence plutôt espacé (1 audit par process sur une plage de 1 à 3 ans), le LPA se pratique dans une dynamique plus intense, par sa fréquence plus rapprochée et sa durée plus courte. Un audit peut donc par exemple se pratiquer sur une station de travail chaque mois et sur une durée de 20 à 40 minutes. Ce rythme plus dynamique amène un meilleur contrôle du respect des bonnes pratiques de travail au poste afin de limiter les dérives et d’identifier les axes d’amélioration.
Afin de réaliser ces audits, il est nécessaire d’avoir une check list d’audit qui contiendra les éléments essentiels suivant :
- le poste de travail et son environnement ;
- les standards de travail et les contrôles à effectuer ;
- la vérification du bon fonctionnement des systèmes anti-erreur (poka-yoke) ;
- le respect des consignes décrites dans les standards ;
- la gestion des qualifications des opérateurs au poste ;
- le suivi des règles systèmes.
Malgré son côté « flash » le LPA reste néanmoins un audit et doit respecter les codes de bonnes pratiques d’un audit pour (1) réaliser l’interview dans de bonnes conditions pour l’audité et (2) en ressortir des éléments factuels qui permettront de faire progresser l’atelier de production et l’entreprise. Il est donc impératif de former les auditeurs LPA aux basiques de l’audit avec un support de formation adapté.
Le résultat d’un audit reste une indication de la situation à l’instant T et le suivi des résultats est impératif pour constater les améliorations. Quelques questions doivent rester en tête pour ne pas perdre de vue les actions de fond qui pourraient s’étendre à toute l’entreprise :
- Les standards sont-ils bien rédigés ?
- Le personnel est-il bien formé ?
- Le poste est-il organisé pour éviter les mélanges de fabrication ?
Il est donc impératif de prendre du recul et d’analyser l’ensemble des résultats d’un atelier à l’aide d’outils appropriés (ex : cartographie) pour pouvoir agir rapidement.
Demandé par plusieurs référentiels client tel que le QIPV3 (PSA) ou le BIQS (GM), le LPA est également un outil dont les données de sortie permettent d’escalader des problèmes récurrents, de gérer le niveau de qualification des opérateurs et d’alimenter les AMDEC process, le tout créant une dynamique entre la surveillance et l’amélioration en impliquant tous les niveaux de l’entreprise.
“LPA doivent être réalisés par l’équipe de production à différents niveaux hiérarchiques” : à ce titre, le terme audit est un peu abusif ou inapproprié, puisque au § 9.2.2 c l’ISO 9001:2015 mentionne l’impartialité du processus d’audit comme une exigence.
De plus le § 3.13.1 de l’ISO 9001:2015 cite l’indépendance (= absence de responsabilité vis-à-vis de l’activité à auditer) dans la définition de l’audit.
L’essentiel, et ce qu’Il faut surtout retenir, est qu’il a pour but de responsabiliser la hiérarchie à tous les niveaux en la “forçant” à aller sur le terrain (“Gemba walk”) et s’impliquer (notion d’auto-contrôle).
En terme de références, l’IATF 16949:2016 cite dans sa bibliographie (Annexe B) le CQI-8 de l’AIAG.